Ami ( e) Boubekri(e) fermes tes yeux et suis moi

Publié le par azl

CHUUT pas de bruit ! Isolez-vous ! Faites le vide dans vos têtes ! Oubliez vos soucis du quotidien ! Oubliez le présent !

Ami Boubekri, tu es là quelques années plutôt, encore jeune ! Encore enfant ! Encore adolescent !
Tu te trouves près de la grande horloge (SAA), le ciel est d’un bleu azur exceptionnel, le soleil brille, quelques gazouillis d’oiseaux.
Il est 10 heures du matin, autour de toi, tout est calme, la sérénité t’envahit, ton esprit est libéré, tu te sens voler, tu es en lévitation, normal ! Tu es à SIDI BOUBEKER.

Les fleurs sont magnifiques et leurs senteurs t’embaument, les arbres fruitiers sont colorés, la douceur du climat te transporte.
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Là haut de ce village mythique, le plus beau des panoramas au monde s’offre à toi et tu domines les escaliers qui descendent de façon harmonieuses vers le cinéma.


Tu aperçois, le « PARC » où tout est rangé de façon méthodique, selon un parfait rayonnage. Une couleur d’une noirceur d’ébène ‘t’attire ! Qu’est ce que c’est ? Mais bien sûr, c’est le charbon qui chauffe ton fourneau durant tes hivers enneigés et permet de réunir la famille dans de longues veillées nocturnes.
Cette noirceur tranche avec la couleur de LADIK, juste derrière, remblaie imposante, théâtre de tes jeux et de tes aventures.
Son odeur si particulière, ses fines graines fouettent délicatement ton visage et font ressurgir tant de nostalgie.
Plus loin sur ta gauche, ton regard glisse vers la mosquée et son minaret majestueux orné de zelliges d’un vert légèrement couvert par un cyprès magnifique et centenaire.

Viens ! descends quelques marches, ne te précipites pas, descends lentement, prends le temps d’apprécier ces moments et ce qui t’entoure.
Regardes, à ta gauche, il ya la maison de Margot avec la première antenne de Télévision du village.
Plus bas dans la ruelle à gauche les maisons des My Tahar et des Miri et à droite celles des bienfaiteurs du Cinéma, les Bachiri, et Ami SALLEK.

Descends encore, attention à la route, Le militant OMAR passe avec sa fourgonnette pour vendre son lait et son LBENE.
Encore quelques escaliers et voilà sur ta gauche, la maison de Abdel Baki, puis à l’extrême gauche celle des LEZBAR.
Sur ta droite, le fameux terrain de Pétanque où de sacrés parties de boule se déroulaient.
Les dernières marches et te voilà face au grand portail menant vers les bureaux de la Direction, tu aperçois au loin Hamou LAHRIRA toujours aussi dynamique et souriant.
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Ne descends plus, tournes à droite, grimpes la petite pente raide, une visite du saint sidi Boubeker s’impose, jette un regard vers la maison des Leghrissi sur ta droite.

Une petite prière et te voilà descendant le petit chemin coupant le cimetière et le grand jardin offert par J.WALTER à FAFA et la famille BIJINOUI.
Continues ton chemin, passes devant les garages mais ne va pas à droite car aujourd’hui, il n’y a pas de match de tennis ni de Basket.
Prends plutôt à gauche et longes ton chemin, tu es à présent sur une des plus belles rues de Zellidja.
Les arbres sont magnifiques et notamment un sol pleureur sur ta droite, profites des senteurs des belles roses.
Te voilà maintenant arrivé au niveau d’une entrée majestueuse qui t’ouvre le chemin, de la Poste, tiens le facteur HAMADI va faire sa tournée, Marciano lui a donné les dernières directives.
Le Père JEAN vient de terminer sa messe et il est en pleine discussion, KHALLEF, avec son tablier blanc est accompagné de BEN ABDELLAH SADEQUI.
Moulay Taher, passe avec un trousseau de clé à la main, il va préparer sa caisse pour la séance de Cinéma de ce soir.

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L’hôtel est chargé de stagiaires, tu quittes à présent tout ce petit monde par l’arc de triomphe, sur lequel le nom de WALTER trône.
Le vendeur de bonbons et de pépite Ssi DEHMANI est encore fermé, plus loin à droite le Car est vert est déjà parti à OUJDA et M.AOUAD sort de chez lui.

Le kiosque à journaux est plein à craquer, Wahrani tente d’échanger son dernier ZEMBLA contre AKIM.
Sur le petit jardin, les enfants jouent aux billes.
La porte latérale du Cinéma est fermée, montes les petits escaliers, le pont bascule sur ta droite est vide, et sur ta gauche, Ahmed el assas garde jalousement depuis sa guérite l’entrée des véhicules.
En face MONOPRIX est bondé de monde.
Continues ton chemin, sur ta droite le « PARC » est toujours aussi bien agencé, sur ta gauche une sorte de bassin servant à laver le minerais avant son évacuation vers LADIK.
Plus loin sur ta droite, n’empruntes pas le chemin menant à la Joutia.
Voilà, maintenant tu es au niveau de l’atelier ou SLIMANE AARAJ termine quelques soudures.
L’entrée principale du village s’offre à toi à présent, là sur ta droite la DS de M.LASSOUQUE est garé, M.BENDAHOU sort de son bureau pour une inspection.
Le tableau des résultats de CEP est accroché mais vide.
C’est la récréation, M.LASSOUQUE bavarde avec M.EL MEHDI.
Faufiles toi entre les élèves et continue ton chemin, ne tourne pas à droite, c’est la rue des « ZOUFFRIS » et du fameux " tête Rasée", sur ta gauche SI BENAISSA rentre du bois pour chauffer le HAMAM…
Tiens ! SANCHEZ et MARTIN remontent, ils sont allés vérifier sur place l’origine d’une grosse fuite d’eau, je sens que le duo GAUDOY et MITEK les experts plombiers ne vont pas tarder à passer …



Te voilà au niveau des deux salles de classe, sur ta gauche, la sortie du Hammam endroit qui évoque en toi tant de souvenirs, sur ta droite l’entrée de la mosquée près de laquelle le fameux brancard servant à transporter à leur dernière demeure ceux et celles que le destin a décidé de garder à jamais à Sidi Boubeker.
Avant d’aller plus loin, replonges quelques minutes dans cet univers extraordinaire du Hammam.
Endroit magique, une ambiance feutrée, une chaleur câline envahit ton corps, des lumières tamisées qui ensorcellent la vue.
Tu as toujours été impressionné par cette succession de pièces que comportait le Hammam, de la plus fraîche à la plus chaude.
Une architecture savamment pensée pour t’éviter un choc thermique.
Encore enfant, tu accompagnes ton père ou ta mère, refusant d’aller vers cette pièce où la chaleur intense te faisait suffoquer.
Ce hammam, lieu idéal pour le repos te procure un bien être et un prélassement insoupçonnés
La lumière bizarre venant du plafond t’a toujours étonné, mais tu es là, tu apprécies ces moments entouré de l’amour paternel ou maternel, tu es massé, lavé, et essuyé.
Tu es en extase devant tant de calme et de sérénité et tu paierais tout l’or du monde pour revivre de tels moments d’intenses plaisirs.
Te voilà enveloppé dans une grande serviette, la vapeur se dégageant de ton corps assis maintenant dans cette grande pièce fraîche, pièce d’habillage, une limonade rouge « CRUSH » pétillante chatouille ton gosier.

Coucou, ne t’en dors pas, la visite du village doit continuer…

Tiens , il ya Whrani !

Comment vas tu Wahrani?

Ecoutes Aziz , je tiens à te préciser la chose suivante:



Primo quand le car vert a démarré pour oujda, t’a pas remarqué qu’un autre l’a remplacé ??

Transport MOUMEN ramenant le courrier et la presse . Le graisseur descend avec un grand sac sur le dos se dirige vers la poste dépose celui-ci et retourne en courant en hurlant à haute voix : allez y Touissit Oued el heimer oujda montez, il reste encore des places.

Je me rappelle ce jour j’avais pas classe pour ne pas dire j’ai séché les cours .Une interrogation écrite à éviter, donc le coup classique mal au ventre mal à la tête tout prétexte est bon pour ne pas aller au lycée.


Il est 9 heures les hammalas porteurs et livreurs de charbon font la queue devant le parc
brandissant leurs tickets et criant : moi 200 kilos pour tel moi un quintal pour Mr x je suis avant tout le monde. Devant une telle cohue Ammi Garni (gardien du parc) matraque à la main essaie de faire régner l’ordre. On est au mois de novembre, toute la population se prépare à affronter l’hiver rude comme tous les hivers à Zellidja.Le charbon est le combustible de chauffage le plus prisé

Parmi les hammalas livreurs de charbons, on distingue de loin la carrosse de Abdeslam Aouicha et la charrette de Ayyad : karrou ayyad.

De l’autre coté de la route quelques jeunes gens attendent devant la direction .ils sont venus se faire embaucher. A cette période la mine a besoin de saisonniers pour tailler les arbres.

Le va et vient incessant des femmes en djellabas ou en haïk ne laisse pas indifférent le regard des hammalas …..

Toutes accompagnées de leurs enfants les unes descendent vers l’hôpital les autres montent vers le bain maure hammam.

Il est presque midi, la foule de plus en plus dense est toujours massée devant le parc.
La quantité impressionnante de personnes ne laisse entrevoir qu’une simple lueur.
De temps en temps, une silhouette non identifiable passe devant cette lumière et la masque complètement.
Les crépitements des flammes mêlées aux hennissements des ânes, le radotage des badauds
entrecoupé par le ricanement des Hammalas de plus en plus perçant aigu et cuisant , le sifflement des sirènes des estafettes de flics hachés par le klaxon inhumain de ZINEB le véhicule attitré au commissaire , banni et maudit par la population .
Toute cette tumulte c’est digne d’un orchestre dirigé et programmé par la sirène SAÂ qui vient d' annoncer midi.
Il est midi, les ouvriers quittent leur poste de travail pour aller déjeuner. A pied ou à bicyclette, exceptionnellement tout le monde se rue vers le parc.

Intriguée pas l’ampleur de la situation, la direction de la mine a dépêché du personnel pour le déblocage, en vain. Il a fallu l’intervention du directeur en personne, accompagné du chef du personnel et quelques membres de l’encadrement.

Bien que soutenu par la population, coté «Hammalas», personne ne bouge. C’est le bras de fer avec le service d’ordre. .

Pour calmer les esprits, la présence des syndicalistes était bienvenue. Messieurs Tarchoun et Abdelmalek ne se sont pas fait prier, pour venir en aide aux pauvres Hammalas, malmenés et humiliés par les « Cowboys » de Mr Semmouni. Pressentant un dénouement inquiétant pour ne dire tragique, prudemment, le directeur pris la parole et réussi à apaiser l’atmosphère.

Les syndicalistes, de leur coté résonnent les Hammalas, leur assurant qu’aucune poursuite à leur encontre ne sera retenue.

Semmouni, semblant perdre la face ne s’avoue pas vaincu et propose à certains Hammals de l’accompagner au commissariat, promettant de les relâcher en fin d’après midi.

La négociation suit son cours entre les syndicalistes, la direction et les services d’ordre.

Brusquement tout le monde se tait, par respect pour le Mouaden, qui annonce la prière de la mi journée, Douhr.

Hallah Akbar, haya ala salat

A peine l’appel terminé, la foule se dissipe et prend la direction de la mosquée.

« L’incident est clos », telle est la dernière phrase de Mr Adelmalek, applaudie et acclamée par les deux tendances : Istiquelal et Etihad, chose rare.
« MR Ahmed Oubella se fera un grand plaisir de nous raconter un petit parcours de ce combattant hors paire qui était son père »

Tiens, j’ai oublié d’aller manger, le chemin à parcourir pour arriver à la maison est long.
J’ai une idée, je vais descendre à Joutia, voir mon ami Mohammed Mkidem dit TIKATI.

Aussitôt dit aussitôt fait.

En l’absence de son père, Boujemaa, parti faire la prière, Mohammed surveille la boucherie, je lui raconte l’histoire du parc pendant que nous déjeunons. Dès que son père fut revenu, nous nous sommes éclipsés, direction le café, pour une partie de billard en attendant le retour des Hammalas, toujours retenus au commissariat.
Au kissaria le café d’en bas est archi comble.
La bande de Benyounes Benamri arrivant de Lageco dévale la pente.
Deux jeunes attirent l’attention discutent à proximité de la baraque de BRIK marchand de bonbons. Cheveux longs pantalons taille basse et patte d’éléphants, les hippies du village
discutent calmement en se déhanchant transistor à la main
Mais ma parole c’est Mohamed ELGALII et son pote Belhouji
Ecoutes Wahrani , je suis d'accord avec toi.
Tu es  passé devant moi, venant du PARC, moi je sors à peine du HAMAM, mais il ne perd rien à attendre , je vais le suivre mais je prends tout mon temps, je sors du HAMAM.
Boubekris suis moi et fais le vide dans ta tête... tu es à Boubeker dans le bon vieux temps...

Quelques marches et te voilà sortie de cette espace ENGLOBANT LE Hamam, la mosquée et les deux salles de classes.
Tu te retrouves aussitôt à proximité de la maison des OUBELLA, adossée à celle des Douissi et faisant face à deux autres salles de classe.

Un deuxième panorama s’offre à toi de nouveau, d’abord la vision de beaux arbres verdoyants procurant une ombre tellement bienfaitrice par des temps de forte chaleur.
La-bas, au loin quelques WILLEMS sont stationnés au garage poids lourd et en contrebas, la piscine n’a pas encore ouvert ses portes.

Juste à ta droite, une cours abritant une cantine, deux salles de classes où officiait entres autres Ssi HAMAD cet autre phénomène du village tant son talent était incomparable.
Voilà un instituteur, comédien hors pair, Scout dynamique et organisateur de festivités.
Et bien, qu’est ce que tu attends pour jeter un regard sur la Kissaria, tu apercevras peut être Derraz et Belhouji que vient de rencontrer Wahrani, ne t’inquiètes pas tu vas les rejoindre mais un peu plus tard.
Pour l’instant, reviens sur tes pas et redescends vers l’entrée de la mosquée, encore quelques marches et te voilà poursuivant ton chemin.

Sur ta droite, un local qui a tant servi, d’abord aux jeunes scouts ensuite aux cours d’alphabétisation.
Légèrement sur ta gauche, ton regard est attiré par une bizarrerie fixée sur un mat et trônant sur le toit d’une maison ???

Ne t’étonnes pas, c’est la première antenne parabolique au Monde et tu es bien en face de la maison du phénomène du village.
Tu as deviné, c’est bien la maison de My CHERIF, Salam Chérif ! Que cherches-tu à capter ??
C’est une nouvelle antenne pour mieux recevoir RTL et EUROPE 1 !
Chérif a pris le tamis de sa maman, a enlevé la partie métallique a relié quelques fils électrique et le voilà maître des ondes…
Salut l’artiste !!!
Un peu plus bas, ne prends pas la rue de droite, si non tu vas te retrouver à la Joutia, tournes plutôt à gauche.

Encore deux salles de classe face à face, une intersection, avec une nouvelle entrée vers la mosquée, une rue qui mène vers les toilettes publiques et enfin la rue principale.
Prends cette rue principale ; Tu sursautes à cause d’un bruit de marteau ??
C’est RADDA, l’expert cordonnier en plein travail.
Une petite rue lui fait face comprenant l’entrée de l’école coranique de Ssi LBACHIR ainsi que la maison des OUALINES.
Tu arrives sur une place, où une belle fontaine t’offre une eau limpide et délicieuse.
Une place hautement symbolique, espace du maître absolu Ssi MAAMAR règnant sur son école coranique.
Sur ta droite une autre possibilité de rejoindre la joutia, et un recoin en contrebas première maison de Hamou LAHRIRA.
Pour poursuivre ton chemin, attention, un obstacle de taille, des escaliers qui descendent de façon brutale.
Rappelles toi, tous les paris entre copains, c’est à celui qui d’un saut pouvait dévaler l’ensemble des marches et à pieds joints ! Que de bobos !
Bien, tu es sage, tu descends doucement, à ton âge, on fait attention.
Tu entends des cliquetis, c’est quoi ce bruit ?

Mais bien sûr, c’est le local ou OKBANI donne ses cours de Dactylo, Belhouji et My Ali, « AZERT, POUIY » ça vous rappelle quelque chose ??

Une fois ce bruit identifié, arrêtes toi dix secondes et fixes bien le mur en face de toi.
Tu n’en reviens pas ! , Tu n’as jamais fait attention à cela.
Là en face de toi, tu as la plus belle fresque en Zellige avec des couleurs feutrées mais extraordinaires, approches toi et apprécies tous les détails 

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Tu en as plein les yeux, mais tu dois continuer ton chemin, tournes à droite et tout de suite à gauche, deux rues sans issue depuis lesquels tu vois LADIK.
Tournes à gauche, tu salues les ZRHIBIS en pleine discussion avec l’Asiatique du village la belle BIJMAN .
Plus bas, une rue à gauche où habite Bouchlih Mustapha et un autre phénomène du village.

Une femme, une militante de la première heure, une femme extraordinaire, courageuse, qui n’avait pas la langue dans sa poche.
Crainte et respectée par tout le village, Itihadienne extrême, intransigeante envers toutes celles et tous ceux qui ne partageaient pas les mêmes opinions politiques qu’elle.
Quant tu étais istiqulalien à Boubeker, tu n’avais pas intérêt à passer devant cette rue.
Cette femme appelée « ZAHRA EL ASSAS, surnom qui lui allait si bien tant elle passait sa journée au seuil de sa porte.
Tout jeune avec ma bande de copains, elle nous faisait rigoler car elle nous connaissait tous et connaissait de quel bord étaient nos parents.
Alors, elle isolait ceux de son bord pour donner des bonbons et disaient aux autres vous :
« BEGRIS ALLAL » Circulez il n’ya rien à voir.
Une femme extraordinaire sans concessions, si tu es encore en vie que Dieu te préserve si tu nous as quitté reposes en paix.

Publié dans boubeker

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